Lettre à une fille…
Il y a sept mois, le #CoupDEtatEnBolivie a fait violemment irruption dans la vie de la Bolivie. A partir de ce moment là, on a assisté aux expressions de haine, racisme, persécution et violence les plus cruelles de la part des Putschistes. Fort heureusement, une solidarité Internationale s’est construite et organisée pour défendre et faire respecter les Conventions Internationales des DDHH, afin de soutenir la demande des #LaissezPasserMaintenant (“#SalvoconductosYa”, en español) pour les sept anciens membres de l’Administration de Morales, ainsi que pour leurs familles, aujourd’hui réfugiés à l’Ambassade du Mexique en Bolivie : Juan Ramón Quintana Taborga, Héctor Enrique Arce Zaconeta, José Hugo Moldiz Mercado, Víctor Hugo Vásquez Mamani, Nicolás Laguna Quiroga, Antonia Wilma Alanoca Mamani, Javier Eduardo Zavaleta López.
L’autrice de la Lettre à une fille… (“_Carta a una hija…_”, en español), une argentine, a connu Patricia, hija de Hugo Moldiz, le 17 juin 2020, à travers l’écran lors de la conférence de presse de lancement de la campagne Internationale LibertéPourLes7DemandeursDAsile (#LibertadParaLxs7Asiladxs) et malgré la distance sa voix l’a faite vibrer au plus profond d’elle-même et elle a décidé lui adresser une lettre.
Patricia, je t’écris dans ma situation d’être libre, avec le désir d’embrasser un monde plus humain.
Lettre à une fille…
”Au milieu de tant de violence…”
Je ne peux m’empêcher de penser que tu traverses des heures si lentes et si amères… celles d’une éternelle incertitude, la distance obligée, l’angoisse incessante et la douleur de savoir que toi et tes êtres chers sont en danger constant.Il est difficile d’écrire au loin, parce que tous les mots semblent insuffisants, vides et distants pour te raconter ce que j’ai ressenti et ce que je pense depuis mon lieu de liberté privilégié, sans paraître superficielle. Mais même ainsi, je souhaite que tu reçoives cette lettre comme une étreinte verbale.
”Laisser place à la tendresse…”
Questionner le temps et l’espace, pour t’écouter attentivement ma soeur… Pour connaître, du moins un peu, la nourriture qui fait tenir ton corps. Comme tant d’autres qui ne se fatiguent pas, bataille après bataille, de résister dignement face à tant d’outrage, d’injustice, de méchanceté, de haine, de mépris.
O ma soeur, quelle endurance! Quelle force!
Dans mon pays j’ai vu des personnes fortes, celles qui s’organisent et marchent vers la vérité depuis plus de quarante ans. En général, ils ont beaucoup plus d’histoires et d’années que toi et moi. J’ai toujours cru que la force et la sagesse provenaient de ces temps là Maintenant je comprends que cette force ne naît pas seulement du temps qui passe. J’admire profondément le courage et la bravoure de ton cri. Je te remercie pour le puissant enseignement que tu nous apportes de si loin.
”C’est aussi révolutionnaire”
Ces temps sombres et tristes ressemblent beaucoup à une partie de l’histoire de nos terres que nous connaissons déjà. A ces temps cruels et violents, nous, ceux d’ici, nous leur avons déjà dit “Plus jamais”; en d’autres terres “ça suffit” et en d’autres encore “Dehors”. Je suis sûre que depuis longtemps, en raison des circonstances mêmes de la vie politique ou militante, tu mets de côté ta vie personnelle pour te donner aux actions collectives. Aujourd’hui tu es injustement éloignée de ta famille. Et malgré cette profonde douleur, je veux que tu saches que tu n’es pas seule. Ta lutte est la nôtre; ta voix s’est répandue et a trouvé un écho dans une multitude de gens au grand coeur. Une famille plus grande viens à ta rencontre, l’Amérique latine, celle de la grande nuit de 500 ans – celle de tous les temps, toutes les langues et tous les territoires- qui te tends la main et se fond dans ton cri de liberté.
“…peut-être ne sommes nous pas de proches parents, mais si tu es capable de trembler d’indignation chaque fois qu’il se commet une injustice dans le monde, alors nous sommes des camarades, c’est ce qui importe.” Che Guevara.
Je t’embrasse tendrement et longuement, avec la ferme conviction qu’un autre monde est possible.
N.B.: Une dernière chose. Dans mon pays, on appelle ces personnes fortes de plusieurs manières: se sont les mères, grands-mères, fils/filles, familles, survivants. Et lorsqu’elles se rassemblent, dans les rues, il y a toujours d’autres personnes de différents bords qui adhèrent à la famille de coeur pur comme le leur. Elles utilisent un mot-clé pour leur travail : “militaire” et tout suite clarifient “toujours comme verbe, jamais comme substantif”. Lentement, toutes ensemble, elles construisent et transforment les peines collectives en espoir du futur.